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Les combats de Jacques Montal, l'ancien chef de gare // 2018.11.07

Au terme d'une carrière bien remplie au sein de la SNCF, Jacques Montal a fait valoir récemment ses droits à la retraite. Figure emblématique de la gare d'Assier, où il a occupé pendant vingt ans les fonctions de chef de gare, Jacques l'était surtout par son engagement syndical et son combat permanent et sans concession pour le maintien des gares, des petites lignes, et la défense du statut de cheminot… Sans fard, mais aussi sans complaisance, Jacques Montal nous livre ses sentiments et ses ressentiments sur sa carrière de cheminot.

Qu'est-ce qui a motivé votre entrée à la SNCF ?

Mes deux sœurs officiaient déjà à la gare Saint-Charles, à Marseille. En 1977, j'ai à mon tour intégré la SNCF sur concours. Deux ans d'école et à la sortie, je fais déjà mes classes à Assier. Deux années à bourlinguer en Midi-Pyrénées : Toulouse, Pierrefitte-Nestalas… Je reviens dans le Lot, à Thédirac-Peyrilles (trois ans)… Après trois ans comme aiguilleur à Capdenac-Gare et douze ans en gare de Rocamadour-Padirac, j'entre enfin en gare d'Assier, en 1998… Ce qui m'intéresse, c'est d'intégrer une petite structure, une équipe de cheminots autonome, le rapport humain, à l'échelle humaine.

Déjà militant syndical à la CGT, pourquoi avoir créé l'ADGAPR ?

Depuis cinquante ans, la SNCF s'est engagée dans une politique néfaste pour l'entreprise de réduction des services et de fermeture de lignes : pour preuve, la situation actuelle. Le monde du rail est un monde de solidarité et de fraternité : quand on se bat pour une cause, on va au bout de la lutte. C'est le respect du triptyque cheminot-usager-élu qui nous guide… L'Association de défense de la gare d'Assier et de promotion du Rail, créée en 2002, a permis d'associer, dans nos actions, élus, usagers et agents SNCF… Beaucoup plus nombreux et donc plus efficaces.

Et maintenant ?

Je reste secrétaire de l'ADGAPR… Au-delà des gares, les services publics en milieu rural n'ont jamais été aussi menacés qu'aujourd'hui : écoles rurales, bureaux de Poste, maternités, Ehpads, déserts médicaux… J'ai certes rendu la casquette et le sifflet, mais j'ai toujours mon libre arbitre, mes convictions et mes valeurs et je n'ai pas rendu les armes… Le combat continue.


«Le combat a permis de ralentir et limiter la casse»

Les actions de l'ADGAPR, conjuguée à l'assiduité des agents de la gare d'Assier qui ont la réputation de ne jamais rien lâcher, ont permis de préserver les services et de sauver des lignes… Restructurations et suppressions de postes n'ont pu être évitées, mais l'installation de distributeurs automatiques de billets de train, vue comme une dégradation du service à la clientèle, a été empêchée. Les gares d'Assier, de Gramat et de Rocamadour, n'ont toujours pas de DAB…

En 2003, la gare d'Assier a été bloquée pendant trois jours pour empêcher la suppression de la rame Corail directe Rodez-Paris. Elle le sera finalement en 2006, malgré des manifestations en masse et une pétition de plus de 50 000 signatures… Christophe Schimmel, président de l'ADGAPR, le premier usager de France à le faire, a mené sept jours de grève de la faim…

Certes, en 2007, la rame de nuit Carmaux-Villefranche de Rouergue-Paris n'a pu être plus sauvée… Mais, début octobre 2018, alors que huit autres trains de nuit directs ont été supprimés en France, on a appris que la convention du TET (trains d'équilibre du territoire) qui assure le maintien de la ligne Rodez-Paris, via Assier, serait reconduite après 2020. Et le ministère des Transports a confirmé le renouvellement des rames : les voitures actuelles ont plus de quarante ans.

Propos recueillis par notre correspondant Gérard Barbé

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le 07 novembre 2018

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