Fédération du Lot

Chaque édition de la Fête de l’Humanité a une saveur particulière en fonction du contexte politique du moment. Cette année n’échappe pas à la règle : après la victoire, en nombre de sièges, du Nouveau Front populaire (NFP) aux élections législatives anticipées du 7 juillet, puis la nomination surprise de Michel Barnier au poste de Premier ministre, le cru 2024 – organisé, cette année encore, en Essonne, au sud de Paris – a un arrière-goût bien amer pour les militants de gauche.

Ce sentiment est largement partagé à l’Auberge du Quercy, le doux nom donné au stand de la section lotoise du Parti communiste français (PCF), situé dans une des allées les plus fréquentées de la fête. « Nous sommes en colère d’avoir un Président qui se moque du peuple malgré le résultat des urnes », s’agace Jean-Christophe Vialaret, le secrétaire fédéral du PCF 46, alors qu’il profite de quelques instants de répit entre le service du midi et celui du soir.

Le plus grand des restaurants lotois éphémères

Ici, dans le plus grand des restaurants lotois éphémères, des centaines de repas seront servies aux festivaliers, alors qu’on attend entre 450 000 et 500 000 participants entre le 13 et le 15 septembre. « La non-nomination à Matignon de la candidate du NFP, Lucie Castets, est un déni de démocratie qui, une fois de plus, fait le jeu du RN. Il nous aura vraiment tout fait », embraye-t-il, assis au milieu de la salle de restaurant, vide en plein milieu de l’après-midi.

Derrière lui, une grande bâche blanche cache une vraie cuisine qui n’a rien à envier, en taille, à celles que l’on trouve dans les grands restaurants. Au menu : melon du Quercy, magret de canard, omelette aux cèpes et vin de Cahors. « D’année en année, nous avons à cœur de valoriser les producteurs locaux en faisant découvrir le terroir lotois sur la fête », explique, fièrement, le secrétaire fédéral du PCF 46. Cette année, ce sont 34 militants communistes lotois qui sont mobilisés pour assurer le fonctionnement de cette structure XXL.

Une machine bien huilée

Avec le temps, l’organisation est bien rodée : que ce soit en cuisine, à la caisse, au service, ou derrière le comptoir, chacun sait ce qu’il a à faire. C’est, en somme, un deuxième métier pour les uns et les autres, les compétences ayant été acquises aux forceps sur les précédentes éditions de la Fête de l’Humanité. Mais pour cela, il faut des bras. Les communistes ont-ils toujours la cote dans le Lot ? « L’an dernier, nous avons enregistré 18 nouvelles adhésions dans le département. Dont de nombreux jeunes », déclare fièrement Yves Blondeau, illustre militant du PCF 46.

« Nous ne sommes pas les plus nombreux, mais nous nous efforçons d’être de toutes les luttes, de prendre part à toutes les mobilisations », plaide Jean-Christophe Vialaret, qui ajoute : « Notre objectif du moment, c’est surtout de préparer les prochaines élections municipales pour revenir plus massivement dans les conseils municipaux. »

Une singularité communiste à cultiver

Alors que le soleil commence doucement à tomber sur la base 217 du Plessis-Pâté, on recommence à s’activer sur le stand du PCF 46. Entre deux concerts de Santa, MC Solaar ou encore Louise Attaque, les festivaliers affamés ne manqueront pas de débarquer massivement pour se remplir la panse.

Hier, en début de soirée, les allées de la Fête de l’Huma résonnaient d’un duel particulier : un meeting de Fabien Roussel, le leader des « cocos » à l’échelle nationale, sera suivi d’une prise de parole de… Jean-Luc Mélenchon. Une opposition qui irrite les militants communistes lotois.

« Les Insoumis cherchent à occuper une position hégémonique sur l’union de la gauche, mais ça ne peut pas fonctionner comme ça ! » s’énerve Jean-Christophe Vialaret qui répète que Fabien Roussel a « toute sa confiance » pour porter haut le discours communiste en France, malgré sa défaite aux dernières législatives.

La fête de l’Humanité fermera ses portes ce dimanche soir.