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Livernon: En lutte contre le froid

 

Madame, Monsieur,

Ce jour, les édiles de Livernon vont inaugurer les chaudières à bois et à fioul chargées d’alimenter en eau chaude le très petit réseau collectif du village.

De notre point de vue cette réalisation est un mauvais choix voire une gabegie, une atteinte à la santé des populations proches, une mauvaise orientation dans la transition énergétique, une consécration de la flambée des coûts énergétiques.

Nous reprenons ces questions  point par point.

Une gabegie ? Pourquoi ?

Le réseau de Livernon  chauffera au mieux 40 abonnés dont des bâtiments publics non isolés. Soit un manque de capacité de persuasion de ses promoteurs à trouver des usagers. C’est  normal : le réseau fonctionne 7 mois l’an, ne rencontre pas les besoins des abonnés en eau chaude l’été donc oblige à des installations distinctes. L’estimation du réseau de Livernon est de 800.000 euros HT, supportés intégralement par les pouvoirs publics donc par les contribuables. La répartition est la suivante : 9,3% pour le CG, 9,4% pour Région, 9,4% pour L’ADEME (le national), 27,6 % pour le FEDER (UE) et 44,3% pour le SYDED. Contrairement aux affirmations publiques de ce dernier, une lecture du contrat présenté aux abonnés lie le prix de la calorie « du réseau bois » aux tarifs de l’électricité, du fioul et du gaz. On est donc en droit de s’interroger sur l’intérêt de recourir au bois ; ce d’autant plus que le département n’a pas résolu, au préalable, la question d’une exploitation rationnelle et durable du massif forestier lotois, lequel est en déshérence, très morcelé et privé à plus de 90%. Bref le SYDED s’est lancé dans cette vingtaine de réseaux à hauteur d’un investissement de 30 millions d’euros, sans résoudre d’abord la question de l’accès au gisement potentiel principal.

Une atteinte à la santé des citoyens, pourquoi ?

Depuis deux ans, nous accumulons, ainsi que bien des associations de l’environnement, les preuves que les dispositifs de filtration par cyclone n’éliminent les cendres volantes de dimension inférieure aux 10 microns. Les chaudières étant placées à proximité immédiate de logements, d’écoles, de maisons pour personnes âgées, de locaux ouverts au public, il faut investir 3% supplémentaires pour traiter les fumées par des filtres à manches. Ceux-ci  sont imposés en Suisse, en Autriche et sont  conformes, eux, aux normes européennes que la France ne respecte pas, quitte à payer de lourdes amendes. Bref, les rapports officiels s’accumulent prouvant que le projet du SYDED risque de compromettre la santé des gens pour économiser un million d’euros. Bref, la Sécurité Sociale en supportera les conséquences…..

Un retard technologique français, pourquoi ?

Le «réseau bois» de Livernon, comme les autres, ne produisent que de la chaleur. Le Conseil Général n’a pas vu que toute l’Europe du Nord était occupée, depuis belle lurette, à développer des réseaux de petites, moyennes et grandes puissances produisant simultanément chaleur et électricité tant à partir du bois qu’à partir, et surtout, des déchets organiques agricoles, ménagers …La France sans pétrole et en retard d’idées ! L’ADEME fixe un coefficient de rentabilité énergétique des réseaux à 3 (énergie fournie sur longueur du réseau). A la rigueur, elle admet le taux de 1,5 pour bénéficier de l’aide de l’Etat. Aucun des réseaux lotois actuels ne dépasse le chiffre de 0,86. Et LIvernon est à 0,66 !

Autre chose et autrement : pour une alternative aux plans actuels du SYDED

-L’isolation en préalable des bâtiments publics, des primes aux petits propriétaires privés pour isoler et moderniser les chaudières individuelles.

-Un vaste plan départemental-régional  de la valorisation par méthanisation du bon million de tonnes de déchets agricoles par des installations de cogénération (vente de l’électricité à l’EDF) voire du méthane produit à GDF. (Lille)

-Une politique de gestion forestière et de valorisation des déchets ligneux par de grands réseaux de production combinée alimentant des milliers de lotois des zones fortement urbanisées (Cahors, Figeac, Gourdon, Gramat, Souillac..).

-L’association et la concertation avec les agriculteurs à cette réflexion.

-L’étude des capacités des entreprises de la « Mécanic Vallée » à se diversifier vers la production d’équipements s’intégrant à ces aspects de la transition énergétique.

Deux colloques ont évoqué ces perspectives et ces critiques en décembre 2011. Plutôt que de décider un moratoire, le SYDED persiste dans l’implantation d’une technologie dépassée.

Ces 7 et 8 novembre, la Région Midi-Pyrénées organisait au plan national deux journées de réflexion sur la méthanisation-cogénération. Les plus hautes autorités et compétences diverses confirmaient les intérêts énergétiques, écologiques, industriels de cette filière, tout en soulignant que les travaux évoqués avaient débuté en 2005. On s’étonnera donc des divergences en la matière entre une Région qui veut avancer et un département. Comme nous l’avons dit, on peut comprendre qu’un département riche en fossiles du paléolithique ait des difficultés à assimiler l’âge du fer. Qui plus est lorsque l’on a atteint celui du transistor.

 

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le 06 décembre 2013

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