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Foie gras et grippe aviaire, interrogations et propositions -Mardi 26 janvier 2016

FILIERE GRAS : DES QUESTIONS ET QUEL AVENIR POUR DEMAIN ?

 

La décision prise le 15 Janvier 2016 sous l’autorité du Ministre de l’Agriculture d’instaurer à partir du mois d’Avril, un vide-sanitaire total et prolongé pour lutter contre l’influenza aviaire qui touche les élevages de palmipèdes, dans toute la région du grand Sud-ouest (Ariège, Aveyron, Corrèze, Dordogne, Gers, Gironde, Haute-Garonne, Haute-Vienne, Landes, Lot, Lot-et-Garonne, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Tarn, Tarn-et-Garonne + 108 communes de l’Aude, 89 communes du Cantal, 1 commune de la Charente), suscite une grande inquiétude et nourrit beaucoup d’interrogations parmi les producteurs.

 

Ceci est particulièrement marqué dans notre département où toute la filière représente des centaines d’emplois qui vont temporairement être réduits au chômage voire supprimés.

 

D’autres mesures sanitaires moins lourdes, plus souples étaient-elles, et sont-elles toujours possibles ?

 

On sait que des gros industriels de la filière, coopératives comprises, possèdent des stocks conséquents de foies gras et de magrets. Cette interruption temporaire totale, à partir d’avril, de la production au nom de raisons sanitaires, n’est-elle pas pour permettre de résorber ces stocks ? Cette question est présente dans la tête de beaucoup de producteurs familiaux.

 

Les causes de cette épidémie

 

Les palmipèdes sains sont porteurs naturellement du virus de l’influenza aviaire. Alors il faut répondre à la question : qu’est-ce-qui permet le déclenchement actif du virus et sa propagation épidémique ? C’est la tâche des scientifiques des chercheurs, des services sanitaires vétérinaires. Il faut que cela se fasse en toute transparence et que toutes les informations soient communiquées aux acteurs de la filière avec les préconisations sanitaires nécessaires pour éviter une nouvelle catastrophe.

 

Au-delà de cet aspect essentiel, on peut aussi se demander si les conditions d’organisation de cette filière depuis une vingtaine d’années avec spécialisation, concentration de milliers de palmipèdes sur les lieux d’élevage, transport répété entre les différents stades de la production, d’abattage ne sont pas devenus un terrain propice à ses risques sanitaires ?

 

Ces questions méritent qu’on s’y arrête si l’on ne veut pas demain, après la période de vide-sanitaire, reproduire voire amplifier, comme il faut le craindre, ces mêmes schémas de concentration, de spécialisation des différents stades de la production. Tout cela sous la conduite des gros industriels de la transformation et au détriment de l’indépendance des exploitations familiales, avec le danger de généralisation « d’éleveurs », de « gaveurs à façon ».

 

Et demain ?

 

L’avenir de nos territoires ruraux ne peut résider dans cette voie. Nous avons besoin pour maintenir une activité économique, humaine, sociale, dense dans nos villages de l’existence d’une agriculture familiale, paysanne, dynamique. Nous avons besoin dans cette filière de palmipèdes gras d’une production de qualité, basée sur des labels, soucieuse de l’environnement, dans des exploitations à taille humaine alliant sur place l’élevage, le gavage, la transformation et la commercialisation de cette production. C’est ce que demandent de plus en plus les consommateurs.

 

Pour une indemnisation totale

 

Quelles viennent du gouvernement français, de l’Union Européenne, des collectivités territoriales, il est indispensable que les aides financières soient à la hauteur des pertes de revenus considérables que vont subir tous les acteurs de la filière et d’abord les plus modestes. Avec leurs représentants syndicaux et sociaux professionnels, il faut vite chiffrer ces manques à gagner. Dès maintenant, pour les producteurs qui ont déjà abattu tout leur cheptel, et dès le mois d’Avril pour tous les autres, commencer à verser des aides pour éviter des situations difficiles dans les familles.

 

Et pourquoi ne pas, pendant les mois de vide-sanitaire, exonérer les producteurs et autres acteurs de la filière des cotisations sociales à la MSA. On le fait bien et en masse pour alléger les cotisations patronales au motif de favoriser l’emploi. 40 milliards d’euros pour l’année 2015 et comme résultat 600.000 chômeurs de plus depuis 2012, mais aussi avec une progression de 60% des dividendes pour les actionnaires !

 

En plus, il y a tous les coûts liés aux mesures de désinfection dans les fermes et peut-être à des normes sanitaires plus strictes dans les bâtiments et parcours d’élevage. Là aussi, il faut la solidarité financière nationale.

Alors osons une proposition à l’adresse du Président de la République et du Premier Ministre, pour faire face à cette crise sanitaire dans la filière palmipède, prélevons les fonds nécessaires sur le CICE ou le pacte de responsabilité dont se gavent le Medef et les gros actionnaires financiers du CAC40.

 

Et les importations ?

 

Là aussi il ne faut pas que ce soit un sujet tabou. Nous savons que certains industriels font élever et gaver des palmipèdes dans certains pays de l’Europe de l’Est et dans des conditions sanitaires et de rémunération sur lesquelles il y a une vraie chape de plomb.

 

Et importer une partie de cette production en France et dans notre région. Alors là aussi, ayons le courage de s’affranchir des règles européennes de concurrence libre et non faussée, et soyons extrêmement vigilants sur les risques d’importation massives dans les mois qui viennent de produits (foies gras, magrets) venant de ces pays. Et si nécessaire, taxons de façon rigoureuse ses importations, ou supprimons les aides aux entreprises locales et françaises qui seraient tentées de gonfler leurs importations.

 

 

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le 26 January 2016

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