Fédération du Lot

Fédération du Lot
Accueil
 
 
 
 

Les HLM bientôt interditent aux couches moyennes

Stéphane Peu est député de Seine-Saint-Denis et spécialiste des questions Logement. Présent au 79e congrès HLM qui se déroule à Marseille, il nous fait part de son inquiétude sur l'avenir du logement public.

Au programme du congrès qui se déroule au parc Chanot à Marseille, trois jours de conférences, débats et rencontres entre bailleurs sociaux, professionnels du BTP et responsables politiques sur le thème « Demain le HLM ». Un sujet au cœur de l’actualité, sur fond de crise du logement social et de grogne des organismes HLM et associations contre la loi de finances 2018.

La Marseillaise. Depuis 2017, les bailleurs sociaux subissent une chute de revenus à cause de la compensation de la baisse des aides au logement, une réaction ?

Stéphane Peu. Ça montre que l’État ne compte pas sur le secteur HLM français pour répondre à la crise du logement dans notre pays. La preuve avec cette mesure de compensation des APL qui, certes, est bonne pour les locataires, mais assèche, aujourd’hui, les organismes sociaux au profit du secteur privé. Ça représente 800 millions d’euros de moins en 2018, idem en 2019 et même 1,5 milliard en 2020 pour construire, mais aussi pour entretenir le parc existant.

La Marseillaise. Comment les offices HLM font-ils face à cette baisse de moyens ?

Stéphane Peu. Ils sont contraints de revoir à la baisse le nombre de constructions et rabotent le budget alloué à la sauvegarde du patrimoine actuel. Pire encore, la loi Elan votée la semaine dernière à l’Assemblée nationale, érige comme seule source de revenus pour les bailleurs sociaux la vente de logements HLM vacants. En résumé, on diminue une offre déjà insuffisante pour essayer de l’augmenter. C’est un contre-sens historique, une aberration !

La Marseillaise. Comment remédier à la situation ?

Stéphane Peu. En adoptant enfin une politique du logement abordable. À la fois parce qu’il n’y en a pas assez, et d’autre part parce qu’aujourd’hui les loyers sont trop élevés dans une société où le salaire médian est de seulement 1.600 euros par mois. Le logement, c’est même le premier poste de dépenses et la première préoccupation des Français. En s’attaquant ainsi aux HLM, le gouvernement s’attaque donc directement à l’un des piliers de notre modèle social.

La Marseillaise. Quelles idées sont mises sur la table par votre formation politique ?

Stéphane Peu. Il faut tourner le dos au secteur privé pour revenir à une politique de financement social. Ça passe par une Caisse des dépôts confortée, renouer avec des aides à la pierre pour soulager les offices HLM en leur permettant de moins recourir à l’emprunt et à taux plus faible. Avec pour effet immédiat plus de logements neufs, mieux construits et donc moins chers pour le bailleur et le locataire. L’autre proposition, c’est de stopper la baisse des APL.

La Marseillaise. D’où l’importance du thème « Demain le HLM » pour ce 79e congrès ?

Stéphane Peu. Oui, car ce qui se joue, c’est la lutte contre l’extinction de l’accès au logement pour des millions de salariés, cette fameuse « classe moyenne ». Avec l’idée derrière, pour le gouvernement, de céder la question du logement au secteur marchand, en laissant une portion maigre de biens à bas coût réservés aux plus modestes de la population. En somme, l’enjeu est de savoir si on fait du logement une cause nationale comme le réclamait déjà l’Abbé Pierre en 1954, ou si on s’oriente vers un système à l’américaine, avec les conséquences que l’on connaît comme la crise des subprimes de 2008, qui est partie d’une mauvaise politique de logement pour les familles les plus modestes.

Propos recueillis par Steve Claude (La Marseillaise, le 9 octobre 2018)

Il y a actuellement 0 réactions

Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires.

 

Les HLM bientôt interditent aux couches moyennes

le 09 October 2018

A voir aussi