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Hommage à notre camarade Jean Bascle // 2019.05.16

Nous apprenons avec une infinie tristesse le décès de notre camarade Jean BASCLE de Cahors, à l’âge de 93 ans, retiré en maison de retraite à Pradines depuis 3 ans environ, quand sa santé et son autonomie, après le décès brutal de son épouse Pierrette, se sont affaiblies.

Avec Jean disparaît un camarade de longue date puisqu’il adhéra au PCF pendant la Résistance, laissant le souvenir d'un homme chaleureux, fin et vif, mû par une infinie curiosité pour les êtres et la vie.

Issu d’une famille modeste, son père cheminot, responsable syndical CGT, impliqué dans le soutien aux Brigades Internationales, il quitte l’école à 14 ans et effectue plusieurs emplois d’apprentis avant de rentrer à 17 ans à la SNCF en 1942. L’arrivée des allemands à Cahors en novembre le voit rapidement avec d’autres camarades entrer en résistance en commençant par distribuer des tracts contre Vichy et les nazis. Dans la famille cheminote, il est à bonne école pour engager des actes de sabotage qui deviennent de plus en plus fréquents et donc plus dangereux.

Parallèlement en 1943; il adhère au MUR (Mouvement Uni de Résistance) et avec d’autres jeunes cadurciens dont Pierre Combes, futur président du Musée de la Résistance, ils créent la FUJP (Force unie de la Jeunesse Patriotique), unité combattante reconnue et homologuée par les instances nationales à la Libération dont les effectifs vont atteindre la centaine à Cahors et la quarantaine à Figeac et Decazeville. Cheminot le jour, et avec ses camarades « terroristes, voleurs, bandits » la nuit aux yeux du gouvernement de Vichy et des représentants locaux des nazis.

Plusieurs actions vont ponctuer l’année 43 et début 44 récupérant pour le maquis de Chapou avec lequel ils étaient en relation, habillements, nourriture au dépôt de la Croix Rouge, emportant cartes d’alimentation, tampons officiels et cartes vierges pour fabriquer de fausses pièces d’identité à la mairie de Lalbenque, visite et pillage du local du STO à Cahors, tout près du Commissariat de police, fichiers détruits ensuite, main basse sur la réserve de nourriture de l’EN qui sera remis au maquis de Caniac du Causse etc… Tout cela au milieu de mille dangers dont une dénonciation qui les conduiront à l’arrestation et la prison.

La suite fut, on l’imagine, parsemée d’horreurs puisque la plupart des prisonniers seront conduits à Toulouse à la prison Saint Michel et après un court séjour à Compiègne, acheminés en train dans de conditions épouvantables en Allemagne et en Pologne. Précisément en enfer, à Birkenau, camp annexe d’Auschwitz d’où si peu de déportés reviendront. Tatoué, il portera à jamais marqué dans sa chair le numéro 185 017.

Dans un petit opuscule, « Résister pour être libre » Jean a raconté dans le détail avec des précisions incroyables, la mort à tout instant pour un oui pour un non, côtoyant la faim, la maladie, l’épidémie, les chambres à gaz et le crématoire, assistant à la mort de certains de ses camarades cadurciens, passant d’un camp à l’autre. Après Birkenau, Buchenwald en mai 1944 où il rencontre Marcel Paul (futur ministre de l’industrie, fondateur de’EDF/GDF), mais le périple affreux continue vers Flossenburg où restera jusqu’au 23 avril 1945, date de la libération du camp par la 4ème armée américaine du général Patton.

Le retour à la vie s’effectue à Cahors le 17 mai 1945 où il passera sa vie professionnelle au sein de l’entreprise EDF, terminant chef de secteur à Saint Géry. L’homme meurtri mais toujours combatif redevint rapidement militant de la CGT et un militant très apprécié du Parti Communiste auquel il restera fidèle toute sa vie, candidat aux élections, soutien financier jusqu’à ses derniers jours de la vie du Parti. Il me téléphonait pour me remettre régulièrement des chèques conséquents pour aider le combat progressiste et pacifiste. Il était un lecteur quotidien du journal L’Humanité qu’il soutenait avec constance et détermination.

Chevalier de la Légion d’honneur au titre de la Résistance, Croix de guerre, il attachait beaucoup plus de prix à la mémoire qu’aux distinctions, pour que la jeunesse ne revive jamais cette barbarie. Il a participé activement à la création du musée de la Résistance, de la Déportation et de la Libération du Lot, il était un des derniers témoins de cette si triste et terrible période, devenant Président du Comité départemental de l’Association des Déportés et Résistants du Lot jusqu’en 2003.

Nous perdons avec lui un grand résistant, un militant communiste, à l’existence à la fois simple et remarquable dont l'idéal d'émancipation humaine se nourrissait de la fraternité qu'il savait créer autour de lui.

Nous présentons à sa famille, à ses filles Viviane et Annie à ses petits enfants dont il me parlait souvent avec chaleur, nos plus sincères condoléances et le témoignage de toute la sympathie des communistes lotois.

Le corps de Jean repose au funérarium de Cahors Nord (nouveau cimetière) et une cérémonie d’hommage est organisée sur place jeudi matin16 mai à 11 H.

Gérard Iragnes

 

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le 16 mai 2019

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