Fédération du Lot

Fédération du Lot
Accueil
 
 
 
 

Edito

Contre la logique bancaire

Une trentaine de militants communistes du Lot étaient au  rendez-vous, ce samedi 5 novembre, devant le siège principal du Crédit Agricole à Cahors. Objectif de cette première action : développer la prise de conscience des pratiques intolérables du secteur financier privé, expliciter ses responsabilités dans les crises récentes et populariser la nécessité d’en revenir à un pôle banque-assurance public.

Chers amis, chers camarades, Merci d’avoir mesuré l’importance de poser la question des banques dans cette période. Nous avons voulu prendre une initiative pour situer leur responsabilité dans la crise dans laquelle nous sommes et dont le pouvoir politique et les puissances d’argent entendent nous faire payer la note.     Alors, pourquoi le CA ? Le CA ? Une banque parmi plus engagées dans la financiarisation mondiale, dans la prise de risque spéculatif, exposées notamment à la non solvabilité des dettes des Etats,  grecque et italienne parmi d’autres…..Situation qu’elle partage avec d’autres, comme la BNP ou la Société Générale dont on avait déjà parlé voici deux ans au plus fort des conséquences de la crise immobilière partie des Etats Unis –la crise des « subprimes »-….En partageant le risque avec d’autres, elles avaient consenti des prêts immobiliers auprès de ménages qui n’avaient de toute évidence pas les moyens de rembourser : l’appât du gain et la perspective de taux d’intérêts élevés avait été les plus forts. Le CA ? Egalement une banque qui a des responsabilités particulières dans un département rural comme le notre, caractérisé : par la difficulté d’agriculteurs lourdement endettés à des taux d’intérêts élevés et qui peinent à  dégager de leur activité un revenu décent ; un tissus de villages ruraux et des collectivités ayant du mal à financer les équipements dont ont besoin leurs habitants….Le CA ? Une banque dont le statut coopératif aurait du la protéger de l’aventureuse spéculation mondiale et la pousser à consacrer ses ressources pour financer au contraire les investissements locaux. Partons des fondamentaux. La raison d’être du secteur bancaire consiste en deux choses : 1° / collecter l’épargne des particuliers et des entreprises, puis les rémunérer à des taux corrects les protégeant de l’inflation, sans plus ; 2°/ affecter, toujours à des taux acceptables, les ressources ainsi dégagées aux investissements et dépenses utiles pour la société (investissement des entreprises pour la production de richesses, la création d’emplois, la formation, la recherche ; les équipements et services publics ; la consommation, l’équipement et le logement des ménage ; la protection de l’environnement).   Pour contrôler leur prise de risque, la solvabilité des crédits qu’elles peuvent distribuer et dont il est admis qu’une part limitée ne seront pas remboursés, est assurée par leurs « fonds propres »……C’est là que cela se corse : Les fonds propres, différends des dépôts qui leur sont confiés, sont ceux des propriétaires du capital de la banque elle-même : les actionnaires dont la rémunération dépends des performances de la banque sur les marchés  et de la facturation de ses services aux déposants. Et quand les actionnaires sont privés, le critère d’efficacité n’est  pas la croissance ou l’investissement mais la rentabilité des capitaux propres, les dividendes pour les actionnaires. Comment se sont comportées les banques depuis trente ans, accumulant les facteurs de crise qui éclatent aujourd’hui ? Tournant le dos à leur mission, elles ont entrainé l’épargne et les fonds sociaux vers les produits du marché financier spéculatif, celui qui profite aux plus fortunés; elles ont accompagné, voir suscité en l’anticipant, la mondialisation et les délocalisations d’activité vers les pays à bas couts de production (bas salaires,  faibles protections sociales et basses fiscalités). Et quand le chômage généralisé et les reculs de pouvoirs d’achat des salaires dans les pays développés ont commencé à mettre en cause le remboursement des prêts consentis (cela a commencé avec la faillite de Leeman Brothers aux USA), elles ont appelé les Etats à leur secours. A leur tour, les Etats,  européens notamment, qu’ils soient dirigés par la droite ou par les socialistes, n’ont eu d’autre préoccupation que de « rassurer les marchés » au lieu de les combattre. Ils se sont d’abord endettés  pour renflouer les banques et ils l’ont fait dans les conditions du traité de Lisbonne : celles qui font que la Banque Centrale Européenne ne peut financer les Etats membres. La BCE a donc prêté à ces mêmes banques à un faible taux d’intérêt, banques qui à leur tour ont abondé le fonds mis en place par les Etats pour les sauver, mais à des taux largement supérieur, tirant à elles un juteux bénéfice additionnel. Ainsi on est passé d’un endettement privé à un endettement public : ce ne sont plus les banques qui sont menacées de faillite mais les Etats eux-mêmes. Pire, les banques n’ont pas hésité à mordre la main qui les secourait : en exigeant des taux d’intérêts prohibitifs aux Etats qui s’étaient mis le plus en difficulté pour les renflouer, elles se sont mises à spéculer contre ces pays (alors qu’elles prêtent à l’Allemagne à 1,5 %, la Grèce se voit appliquer du 7 %)........Jusqu’à ce qu’arrive l’inévitable : La Grèce, asphyxiée par l’austérité qui étouffe sa croissance s’avère incapable de rembourser…… Nous en sommes là, et d’autres pays, Italie en tête, menacent de se trouver dans la même situation. Et la France n’est pas à l’abri, comme en attestent les menaces brandies par les agences de notation de baisser sa note de confiance, incitant les marchés à élever les taux d’intérêts consentis à notre pays. De plans d’aide aux banques en plans d’aide aux Etats, les libéraux n’ont fait que nous enfoncer sans cesse davantage dans les difficultés et dans la dépendance des marchés financiers qui tirent leurs marrons du feu. Et tout indique que le dernier, celui qu’a confirmé le G20 d’hier, à son tour ne réglera rien. Le capitalisme est comme le serpent qui se mord la queue. Les dernières bouchées sont les plus difficiles à avaler : Plus il impose l’austérité pour rembourser les dettes et renflouer les banques, plus il réduit la consommation des ménages et donc étouffe la croissance, ce qui ne permets plus de rembourser la dette mais l’aggrave à nouveau. Alors que faire ? Le Front de Gauche, avec d’autres –je pense aux altermondialistes, à ATTAC et aux indignés-, avons de longue date réfléchi aux racines de la crise et formulé des propositions pour en sortir. Il n’y aura pas d’issue sans tailler dans le vif et s’attaquer aux marchés financiers. Toute société moderne a besoin d’un secteur bancaire dynamique ayant pour missions celles indiquées au début de mon intervention. Mais il faut en réformer en profondeur les structures et  critères de fonctionnement. Ces réformes vont du local (les fonds régionaux de développement) jusqu’à l’international (système monétaire, FMI et Banque mondiale, avec une monnaie commune de réserve mondiale indépendante du Dollar), en passant par le national et l’européen (systèmes bancaires et Banque Centrale Européenne). Au plan national et européen, c’est la crise elle-même qui  montre dans quel sens il faut aller, contre les marchés. Et il ne suffira pas de lutter contre « les abus » du libéralisme, tels que les paradis fiscaux, ou d’instituer une taxe sur les transactions financières comme prétend le vouloir Sarkozy lui-même. Il faut interdire les produits financiers spéculatifs et développer une sélectivité des taux du crédit qui favorise l’investissement productif et l’emploi, et dissuade les placements financiers stériles. Et pour qu’une telle bataille soit victorieuse, il faut s’en donner les moyens structurels. Nous proposons la mise en place d’un « pôle public » du crédit, à partir –heureusement cela existe encore en France-,des banques et organismes financiers ou l’Etat dispose d’une participation publique au capital, des banques récemment renflouées sur fonds publics, des banques et assurances à caractère mutualiste ou relevant de l’économie sociale. Nous proposons que la France agisse de manière conséquentes pour une réforme de la Banque Centrale Européenne : tout indique en effet que le principe actuel d’indépendance des Etats et ses missions (défense de l’euro contre l’inflation) ne sont là que pour peser à la baisse sur les politiques salariales et l’emploi. Tout indique aussi que la BCE devrait pouvoir porter elle-même les titres des dettes des Etats et non les sous traiter aux marchés qui en font leurs choux gras. Voila, entre autres mais je ne veux pas être trop long, le sens des réformes pour lesquelles nous nous battons. Elles justifient l’exigence démocratique de les voir débattues face à l’opinion et aux autres solutions mises sur la place publique et dans les médias. Car il est inadmissible, comme ils l’ont fait en paniquant devant l’éventualité d’un référendum grec, d’interdire un débat d’alternative qui puisse mettre en question les plans d’austérité, en réduisant les enjeux à : sortir ou rester dans l’Euro…..comme s’il était acquis pour tout le monde qu’il n’y a aucune voie autre que celle du libéralisme, que celle d’une Europe de Lisbonne, version aggravée ! .                                                                     0000000000000 A quelles conséquences concrètes et positives pourraient conduire de telles réformes, ici, dans le Lot ? Je prendrai un exemple sur lequel se battent actuellement les communistes dans le département. Mais avant de l’évoquer, imaginons ce qui va se passer si nous en restons aux décisions du G20 et du couple franco allemand pour l’Europe. Contraintes de renoncer à 50% de la dette qu’elles détiennent sur la Grèce, les banques n’auront d’autre priorité que de reconstituer leurs fonds propres,  de renouer avec la rentabilité et les dividendes pour leurs actionnaires. Pour cela, elles limiteront encore les ouvertures de crédit nouveaux, voir augmenteront leurs taux, en tout cas économiseront sur les salaires et l’emploi dans leurs agences…..Il sera de plus en plus difficile pour les collectivités et les particuliers de financer leurs projets. Notre exemple est celui des « Réseaux Chaleur Bois » dans notre département. Nous avons engagé la critique des projets de plusieurs mairies de gauche visant à s’équiper, dans un souci de développement des énergies renouvelables, de centrales de chauffage collectif au bois. Nous avons fait remarquer l’aberration qui consiste à faire un investissement dont on sait à l’avance qu’il ne fonctionnera que cinq mois de l’année, alors qu’en l’élargissant à la production d’électricité revendue à EDF, on pourrait à la fois mieux le rentabiliser, donc assurer un tarif de branchement plus accessible aux particuliers et donner au projet une ampleur telle qu’elle permette d’y adjoindre une politique départementale d’entretien-valorisation du massif forestier, largement sous développé. (Nous tiendront d’ailleurs un colloque sur ces questions en Décembre). Eh bien au lieu de spéculer dans le monde entier, comment et à quel niveau le Crédit Agricole est il prêt à s’engager dans le financement d’un tel projet, étendu à la cogénération et à la méthanisation des déchets agricoles et forestiers ? Bien entendu, nous ne nous substitueront pas au SYDED pour concrétiser. Mais nous entendons bien jouer un rôle de proposition montrant la viabilité du projet. Dans ce sens nous allons nous adresser à la Direction régionale du CA pour avoir ses réactions.                                                                       00000000000000 Chers amis, chers camarades, Le débat d’alternative, face à la crise, sera au cœur des enjeux des élections de 2012(présidentielles et législatives), et donc les propositions de réformes du système bancaire et financier. Et les déclarations de F hollande devant l’aggravation de la situation en Europe ne peuvent que nous inquiéter : il s’est déclaré prêt à abandonner ses engagements pour l’éducation nationale, face aux contraintes de la dette dont le remboursement se confirme bien comme sa priorité. Au même titre que l’urgence d’une réforme de la fiscalité sur le capital pour abonder les budgets publics et de la protection sociale, celle qui concerne le secteur bancaire est un des volet essentiels de notre lutte contre les politiques d’austérité. Alors engeons dès aujourd’hui la réflexion pluraliste nécessaire dans les « assemblées Citoyennes » qu’organisera le Front de gauche dans les semaines à venir……….nous vous y attendons nombreux.

Il y a actuellement 0 réactions

Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires.

 

Contre la logique bancaire

Par Michel Dauba, le 10 novembre 2011