Les agriculteurs «au bord de l'explosion» 09/02/16

Christian Bousquet, président du Modef du Lot, accompagné de responsables de ce syndicat d'exploitants familiaux, a passé une journée sur le terrain à la rencontre des paysans. Entretien.

Quel regard portez-vous sur le monde agricole ?

Nous savons que beaucoup d'exploitants familiaux vont mal. Dans le Lot, nous ne sommes pas les seuls à l'affirmer. La préfète du Lot le reconnaît quand elle déclare : «On cumule les crises…». Au cours des dialogues noués avec des paysans, c'est la colère et le désarroi qui dominent. Un jeune exploitant nous a affirmé : «Nous sommes au bord de l'explosion !». Il y a un réel mal-être persistant.

Comment expliquez-vous cette situation ?

En deux mots. C'est la conséquence logique d'une politique agricole commune qui s'est débarrassée de ses outils de régulation des marchés à l'intérieur de l'Union européenne et à l'extérieur, avec la multiplication des accords de libre-échange.

Des menaces pèsent donc sur l'emploi ?

De graves menaces ! Ce n'est pas en prônant la reconversion sociale des agriculteurs au moment où le nombre de sans-emploi atteint son paroxysme, qu'on sortira l'agriculture de la situation dramatique dans laquelle on l'a plongée. Les pouvoirs en place doivent avoir le courage de reconnaître que la guerre économique portée par le libéralisme depuis plus de 30 ans est en train de tuer notre agriculture et des centaines de milliers d'emplois dans les métiers de la paysannerie.

Quelles sont vos revendications ?

Que l'agriculture soit exemptée des règles de la libre concurrence, telle qu'imposée par l'article 101 du traité de Lisbonne sur le fonctionnement de l'Union européenne. Que des prix agricoles minimums garantis et rémunérateurs soient fixés au niveau national ou européen. Que nos produits agricoles et alimentaires soient protégés des importations abusives à bas prix. Que s'engage résolument une réforme en profondeur des relations, producteurs, transformateurs, distributeurs.