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Déclaration Débat d’orientation budgétaire - Conseil municipal du 2 février 2017

Il faut décidément faire preuve d’une grande ténacité pour débattre d’un document qui s’escrime à présenter les intentions politiques de la majorité municipale sous la forme la plus aseptisée possible.

J’irai donc à l’essentiel de son contenu : c’est-à-dire la poursuite de la purge imposée par le gouvernement Hollande aux collectivités locales au nom du redressement de la France. Force est de constater d’ailleurs avec un piètre résultat :

De croissance, il n’y en a pas malgré les 44 milliards d’euros que le gouvernement reconduit pour le pacte de responsabilité en faveur des entreprises puisque l’activité économique, l’investissement comme le commerce extérieur restent en berne.

Si, soyons juste : une seule chose croît sans limites semble-t-il : ce sont les dividendes des actionnaires. Ils plafonnaient à 5 % du PIB au début des années 1980. Ils en représentent 25 % aujourd’hui, soit plus de 400 milliards d’euros. Dans ces conditions, comment peut-on parler de raréfaction des ressources comme vous l’avez fait Monsieur le maire lors de vos vœux ? Car des ressources il y en a sans oublier celles de l’évasion fiscale. C’est plutôt leur répartition qui pose problème : Seuls quelques privilégiés en profitent quand le plus grand nombre est condamné à se serrer la ceinture.

En effet, pour les pauvres, les classes populaires et moyennes, c’est le chômage qui persiste : Au-delà de la fable de l’inversion de la courbe, la situation est plus que jamais dramatique avec 6 575 000 demandeurs d’emploi pour la France entière toutes catégories confondues. Sachant de plus que nous avons un rythme de créations d’emplois beaucoup trop bas pour entamer sérieusement ce chômage structurel de masse.

Pour les classes populaires et moyennes, c’est aussi une précarisation croissante avec près de 9 millions de personnes, dont 3 millions d’enfants et une forte proportion de femmes, qui vivent dans la pauvreté en France.

C’est de plus un mal logement qui s’aggrave : La 22e édition du rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre dessine le portrait d’une France fracturée par la crise du logement : 4 millions de personnes sont sans abri ou mal logées. Le nombre de personnes modestes souffrant du froid dans leur logement à cause de la précarité s’est accru de 25 % entre 2006 et 2013. Le nombre d’expulsions locatives a atteint son record en 2015, avec 14 363 expulsions, soit une hausse de 33 % par rapport à 2006. Donc il n’y a là pas de quoi pavoiser.

Qu’en est-il maintenant des ressources de la ville de Cahors ? Elles baissent régulièrement depuis 2013. La DGF large a baissé de 677 000€ en 2016. Et en 2017, vous nous annoncez une nouvelle baisse de 415 000€. Or, malgré cette véritable saignée qui obère durablement la capacité d’intervention de la collectivité, on ne note pas dans ce document le début du moindre commencement d’analyse critique. Pire, vous voudriez nous faire croire que l’on peut limiter les dépenses de la collectivité sans altérer les investissements, les missions de service public ou les conditions de travail des agents territoriaux.

C’est encore une fable puisque votre stratégie, c’est la suppression régulière d’emplois publics (6 postes supprimés en 2015, au moins 2 postes en 2016 et 3 autres postes en 2017), c’est l’intensification du travail des agents à travers les mutualisations, c’est la réduction des services publics par exemple avec la suppression de l’école Henri Thamier. J’aimerais à ce sujet que vous nous parliez des fermetures de classes ou du renoncement à leur création pour la ville de Cahors en 2017.

Deux mots sur votre programme d’investissement, pour redire le désaccord de Cahors à gauche sur le plan tranquillité sécurité, inadéquat pour traiter ce type de problématique, et sur le complexe cinématographique, compte tenu des sommes énormes qui lui sont consacrées aux dépens de la réponse à d’autres besoins.

De manière générale, on voit que cette politique d’austérité, à laquelle s’ajoute depuis peu la fusion des régions, réforme portée par vos amis dont Madame Orliac, ne peut qu’affecter gravement les populations, par exemple, quand elles mettent fin à la gratuité des transports scolaires initiée en 1985 par Henri Thamier, vice-président communiste du Conseil général, comme Serge Rigal vient de l’annoncer sans état d’âme.

Cette politique d’austérité appliquée à la ville de Cahors n’a en tout cas pas permis de relever les défis du maintien du nombre d’habitants, du développement économique du territoire ou encore de la baisse du taux de chômage.

Au total, ce qui ressort de ce document d’orientation budgétaire, c’est un soutien sans faille aux orientations sociales libérales du gouvernement.

Mais voilà, le peuple en a marre qu’on lui présente pour seul horizon une approche comptable de la politique, dépouillée de toute perspective de progrès social. Et il n’est pas le seul, car avec le résultat des primaires socialistes, on voit que les adhérents socialistes, des citoyens et des citoyennes qui ont le cœur à gauche ont aussi clairement désavoué les politiques d’austérité reconduites d’année en année et qui ont échoué lamentablement.

Je constate au passage qu’en plébiscitant majoritairement le frondeur Benoit Hamon, ils sont plus lucides que la majorité des « grands élus » socialistes du Lot qui ont appelé, soit à voter Valls, soit à se ranger derrière le banquier Macron.

Dans une période où l’extrême droite et l’ultra réactionnaire François Fillon s’embourbent dans « les affaires », j’ai l’espoir qu’à travers ces dynamiques de résistances, se construisent enfin des perspectives de rassemblement pour de vraies alternatives de transformation sociale et écologique et, en tant que représentante de Cahors à Gauche, je m’en félicite.

Yannick Le Quentrec

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le 08 février 2017

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